Fusion, fiction...

17 fév, 2015
En 1985, l'année même où Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev jetaient les bases politiques de ce qui serait bientôt le programme ITER, l'énergie de fusion faisait une apparition, discrète mais remarquée, dans un film appelé à devenir culte : le premier volet de la trilogie Retour vers le futur.
endurance large
Le vaisseau spatial Endurance, qui emporte les personnages du film Interstellar (2014) dans leur quête d'une planète colonisable, est propulsé par un ensemble de « tokamaks compacts » qui l'alimentent également en électricité.

Dans une des dernières scènes du film, la voiture de sport qui avait permis aux héros de voyager dans le passé grâce à son « convecteur temporel » dopé au plutonium est désormais équipée d'un dispositif nouveau : un générateur en forme de moulin à café sur lequel figure l'inscription « Mr Fusion ».

Cette allusion à la maîtrise de l'énergie de fusion, symbole d'un progrès majeur dans le développement technologique, se retrouve dans de nombreuses productions : la fusion (froide) est au cœur de l'intrigue du film d'espionnage Le Saint (1997) ; on la retrouve dans Spider-Man 2 (2004) dans lequel un autre « Doc » (Octavius) en contrôle la prétendue puissance dévastatrice. Les super-héros entretiennent un rapport étroit avec la fusion, comme Iron Man dans le film éponyme (2008) dont l'exosquelette intègre un réacteur miniaturisé, et Batman qui, dans The Dark Knight Rises (2012), empêche un « méchant » de transformer un réacteur de fusion expérimental en bombe thermonucléaire.

Avec Oblivion (2013), dont l'action se situe en 2077, l'énergie de fusion alimente les centrales off-shore qui fournissent l'énergie aux colons terriens établis sur Titan, l'une des lunes de Saturne. Pour la première fois au cinéma, la science-fiction traite la fusion pour ce qu'elle est : une source d'énergie dont la vocation première est de produire de l'électricité.

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C'est dans cette scène de Retour vers le futur I que la fusion a fait ses débuts au cinéma en 1985.
Vocation première, mais pas exclusive : depuis de nombreuses années, les scientifiques étudient la possibilité d'utiliser l'énergie de fusion dans le domaine de la propulsion spatiale. La Nasa, par exemple, développe un concept (« Discovery II », en hommage au vaisseau de 2001, une odyssée de l'espace) basé sur un petit tokamak sphérique qui produirait suffisamment d'énergie pour propulser un vaisseau vers Jupiter et l'atteindre en une centaine de jours. L'énergie produite par les réactions de fusion permettrait de chauffer et d'expulser avec une grande vélocité un propergol (1) qui, par réaction, propulserait le vaisseau spatial à la vitesse de 500 kilomètres/seconde.

Ce principe futuriste est mis en œuvre dans le vaisseau spatial Endurance, qui emporte les personnages du film Interstellar (2014) dans leur quête d'une planète colonisable : logés dans chacun des modules du vaisseau, des « tokamaks compacts » en assurent la propulsion tout en fournissant l'électricité à l'ensemble de ses systèmes.

Si la création d'un établissement humain sur Titan ou la quête d'une planète colonisable relèvent d'un futur lointain et hypothétique, la représentation de l'énergie de fusion dans les œuvres de fiction se rapproche, au fil des productions, de sa réalité de demain.

(1) En astronautique, un propergol est une substance dont la détente fournit une force de poussée.