Quand la fusion était (presque) là
De ce monde plein de promesses, l'Exposition universelle de New York fut la prodigieuse vitrine. Entre le 22 avril 1964 et le 17 octobre 1965, elle allait accueillir quelque 51 millions de visiteurs — plus que la population française de l'époque.
Les attractions y étaient nombreuses et spectaculaires. Au pavillon de la société General Electric (le « Pays du Progrès »), on se pressait autour d'une étrange machine, un tube de quartz entouré d'aimants d'où jaillissait, à intervalles réguliers, un éclair aveuglant, suivi d'un claquement sec — l'Expérience de fusion nucléaire.
« Pour la première fois, pouvait-on lire dans le guide officiel de l'Exposition, le public pourra observer comment, pendant quelques millionièmes de seconde, un champ magnétique compresse un gaz de deutérium porté à la température de 10 millions de degrés ». Le guide mentionnait « l'éclair brillant », le craquement des « atomes entrant en collision», preuve, « attestée par les instruments », d'une production d'énergie.
Cinquante ans ont passé. Depuis le tube de quartz du Pays du Progrès, depuis le confinement, pendant quelques millionièmes de seconde, d'un plasma porté à 10 millions de degrés, les progrès ont été immenses. Au-delà d'ITER, au-delà de DEMO (voir article p. 2), la « centrale de production économiquement viable » se dessine désormais sur l'horizon des années 2050 — à peine plus distante que le « proche futur » de 1965.