Un convoi (assez) exceptionnel

Les convois exceptionnels ont mis deux semaines pour effectuer le trajet entre San Sebastian en Espagne (fabricant GH) et le site ITER. Photo: AIF
Ce n'était pas—pas encore !—l'un des convois exceptionnels pour lesquels l'Itinéraire ITER a été aménagé. Les deux camions chargés de lourdes poutres d'acier, arrivés d'Espagne cette semaine, constituaient cependant une livraison exceptionnelle qui a momentanément bloqué les accès au site d'ITER.
 
Partis de San Sebastian deux semaines plus tôt, ces camions transportaient les éléments du premier pont roulant destiné au hall d'assemblage des bobines de champ poloïdal.

Le hall d'assemblage est une imposante structure actuellement en construction dans la partie est de la plateforme ITER. Ici, dans quelques années, commencera l'assemblage des bobines supraconductrices de champ poloïdal qui contribueront au confinement du plasma. Cinq de ces bobines (sur six) sont à ce point imposantes—entre 8 et 24 mètres de diamètre—qu'il est impossible de les transporter par route ou par mer une fois assemblées. Les opérations d'assemblage  seront donc effectuées sur le site par l'agence domestique européenne, à partir d'éléments fournis par la Chine, l'Europe et la Russie.

La circulation a été momentanément interrompue devant le site ITER lors du passage au rond-point des remorques transportant les énormes poutres en acier. Photo: AIF
A l'intérieur de ce vaste bâtiment, deux ponts roulants seront à l'œuvre pour manipuler les bobines pendant leur assemblage. Fixés à 9.5 mètres au-dessus du sol, de part et d'autre du bâtiment, les ponts se déplaceront sur rails courant sur toute la longueur du bâtiment.
 
« Les ponts roulants du hall d'assemblage sont de gros engins capables de soulever respectivement des charges de 25 tonnes et de 50 tonnes ,  explique Philippe Martin, directeur de projet et représentant de Spie Batignolles, un des membres du consortium français (Spie Batignolles, Omega Concept and Setec) choisi par l'agence domestique européenne pour la conception et construction de l'installation. Le bâtiment a été dimensionné en fonction de ces ponts roulants et de leur capacité de charge. Les piliers massifs, profondément ancrés dans le sol et l'épaisseur des poutres en béton sur lesquelles sont posées les rails en témoignent.»
 
Mise en place des poutres de 23 tonnes. Photo: AIF

Pendant les opérations d'assemblage, le premier pont roulant—dont les deux poutres en acier pèsent 23 tonnes chacune—aura pour fonction de décharger des camions les bobines de supraconductrices, réalisées dans un composé de niobium-titane (NbTi) afin de les livrer aux chaînes d'assemblage. Une fois assemblées, les bobines (40 tonnes) seront prises en charge par le deuxième pont roulant qui les positionnera en vue des opérations finales.

« La livraison de ce premier pont roulant s'est effectuée comme prévu,  poursuit Philippe. Depuis le début des activités de construction au mois d'août dernier, nous avons pu tenir tous les délais — un véritable exploit pour un projet de cette dimension. En voyant le hall d'assemblage aujourd'hui, on a du mal à croire que rien n'existait encore il y a 11 mois. »
 
L'assemblage du premier pont roulant prendra trois semaines, le temps de fixer définitivement les poutres en acier, de tirer le câblage et d'effectuer les premiers tests en présence des représentants de la société GH, qui a produit ces énormes poutres en Espagne.

Rendez-vous au début de mois de septembre pour la livraison du deuxième pont roulant ...