Monde de la fusion

Rapprochement public-privé : un paysage en évolution

Le monde de la recherche sur la fusion évolue rapidement, et les dirigeants de la planète en prennent bonne note. Les grands programmes publics qui occupaient le devant de la scène ces dernières décennies partagent aujourd'hui la vedette avec un nombre croissant de start-up privées. Comme le rapporte la Fusion Industry Association, le nombre d'acteurs privés a plus que doublé en cinq ans pour atteindre une soixantaine d'entités et le montant total des investissements privés dans le secteur de la fusion a passé la barre des 6 milliards de dollars US.
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Le 10 avril, le Premier ministre japonais Fumio Kishida et le Président des États-Unis Joe Biden ont annoncé la mise en place d'un partenariat pour accélérer le développement et la commercialisation de l'énergie de fusion.

Alors que les programmes publics visent principalement à démontrer la faisabilité scientifique et industrielle de la fusion, les entreprises privées, par essence, s'intéressent à la viabilité économique de la production et, au final, de la commercialisation de l'énergie de fusion. Cependant, ces deux « cultures » ne sont absolument pas antinomiques ou contradictoires. En effet, elles peuvent donner lieu à des synergies efficaces qui accéléreront la progression vers un objectif commun : maîtriser l'énergie de fusion.

Les institutions et les dirigeants de la planète sont de plus en plus conscients de l'effet multiplicateur que pourrait avoir une collaboration entre les secteurs public et privé. Ainsi, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a récemment créé le World Fusion Energy Group, une initiative destinée à encourager les collaborations transversales dans l'industrie de la fusion. Dans des annonces successives faites la semaine dernière, les dirigeants du Japon, des États-Unis et des pays européens ont aussi affirmé leur intention de promouvoir le développement de la fusion au travers d'actions de soutien ciblées, notamment en faveur de la coopération public-privé.

Le 10 avril, le Premier ministre japonais Fumio Kishida et le Président des États-Unis Joe Biden ont annoncé la mise en place d'un partenariat pour accélérer le développement et la commercialisation de l'énergie de fusion. Dans le cadre de cet accord, des actions seront menées pour « identifier et soutenir le développement de chaînes logistiques mondiales résilientes qui faciliteront le déploiement de la fusion commerciale, en encourageant les échanges entre les industriels de la fusion dans les différents pays. » Andrew Holland, qui dirige la Fusion Industry Association, a salué cette initiative en ces termes : « Les enjeux de la fusion sont trop importants pour faire l'objet d'une compétition stérile. Les pays animés par les mêmes valeurs doivent travailler ensemble vers l'objectif commun. »

Le 11 avril, lors d'une visite de l'Institut Max-Planck de physique des plasmas de Garching, en Allemagne, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a souligné à quel point il est important d'encourager « le développement des partenariats de recherche public-privé », invitant l'industrie à accroître encore ses investissements [...] dans la technologie de la fusion. »

Lors des semaines et des mois à venir, deux ateliers majeurs s'intéresseront aux manières d'accélérer la coopération public-privé dans le domaine de l'énergie de fusion. Ainsi, la Direction générale de l'énergie de la Commission européenne réunit les grands acteurs de la fusion à Strasbourg le 23 avril afin de discuter des mécanismes de coopération entre les gouvernements, les laboratoires et l'industrie. Pour sa part, ITER Organization, le chef de file de la collaboration internationale autour de la fusion, accueille un atelier de première importance dans le contexte de ce paysage renouvelé. Du 27 au 29 mai, les représentants d'une cinquantaine de start-up spécialisées dans la fusion venus du monde entier participeront à l'atelier inaugural sur le rapprochement public-privé dans le secteur de la fusion.