Définir ensemble de nouvelles orientations

Au mois de juin 2024, ITER Organization soumettra au Conseil ITER une nouvelle feuille de route qui prend en compte les retards occasionnés par la pandémie de Covid-19, la réparation de certains éléments essentiels ainsi que divers défis liés à la fabrication de pièces sans équivalant, et une nouvelle approche opérationnelle et règlementaire amenant au fonctionnement en pleine puissance. Cette nouvelle feuille de route prévoit de modifier la configuration du dispositif ITER et de ses systèmes auxiliaires (notamment en remplaçant le béryllium de la première paroi par du tungstène et en modifiant le système de chauffage du plasma) mais aussi d'effectuer des essais complémentaires sur certains éléments (tels que les bobines de champ toroïdal) et de réaliser l'installation par phases successives (en installant tout d'abord une première paroi refroidie par inertie puis, dans un deuxième temps, les éléments définitifs dotés d'un système de refroidissement actif à l'eau) afin de minimiser les risques opérationnels tout en validant les objectifs du programme.

Dans le cadre de cette nouvelle approche, l'exploitation scientifique a été subdivisée en trois grandes phases : premier plasma augmenté, DT-1 et DT-2, auxquelles il faut ajouter les phases de mise en service intégrée correspondantes. Lors de sa réunion de septembre 2023, le comité consultatif Science et Technologie (STAC) s'est montré convaincu par ces propositions, préconisant de les adopter afin d'articuler plus efficacement le nouveau programme de recherche qui sera élaboré par ITER Organization et les experts nommés par les Membres.

Pour cela, fin 2023, chacun des Membres d'ITER a nommé cinq experts en privilégiant les candidats les plus jeunes, qui seront les plus susceptibles de contribuer à l'exploitation scientifique d'ITER. Après plusieurs réunions préparatoires en visioconférence, en 2023 et début 2024, le premier atelier d'élaboration du nouveau programme de recherche a eu lieu au siège d'ITER du 13 au 15 février. La réunion a débuté par des présentations détaillées de la nouvelle feuille de route et du nouveau programme de recherche par le personnel d'ITER. Des travaux d'analyse ont ensuite été menés conjointement afin de déterminer les principaux objectifs des différentes phases du programme de recherche, l'aptitude de la configuration d'ITER et de ses systèmes auxiliaires à atteindre ces objectifs et la durée prévisible de chaque phase. Pendant ces trois journées intenses, des évaluations détaillées ont été réalisées par cinq groupes de travail codirigés par le personnel d'ITER et les experts des pays Membres. L'atelier s'est terminé par une séance de clôture durant laquelle chacun des groupes a présenté ses conclusions.

Dans l'ensemble, les analyses ont confirmé la pertinence des principaux éléments du programme de recherche préliminaire soumis au comité STAC en septembre 2023. Toutefois, les groupes de travail ont constaté que certains aspects spécifiques devaient être réexaminés et optimisés. Par exemple, ils ont conclu que la démonstration du fonctionnement avec un facteur d'amplification de 10 (Q=10) et une combustion de courte durée (~ 50 s) était possible dès la troisième des cinq campagnes prévues lors de la phase DT-1, même si l'objectif final (Q=10 pendant 300 à 500 secondes) ne serait probablement atteint qu'à un stade plus tardif de la phase DT-1.

L'atelier d'élaboration du nouveau programme de recherche sera suivi d'une analyse plus poussée des problématiques et des possibilités d'optimisation identifiées lors de ce rassemblement d'experts particulièrement fructueux. Au cours des prochaines semaines, ces mêmes groupes travailleront par email et par vidéoconférence afin de préparer un deuxième atelier, probablement virtuel, qui devrait se tenir à la fin du mois de mars. Ceci permettra de finaliser les détails du nouveau programme de recherche d'ITER d'ici le mois de mai afin de le soumettre au comité STAC pour validation.