Installation d'essai

Comment l'électronique réagit-elle aux champs magnétiques ?

Un tokamak peut être décrit comme une cage magnétique conçue pour confiner, modeler et contrôler les plasmas à très haute température qui rendent possibles les réactions de fusion. À l'intérieur du tokamak ITER, différents types de bobines produiront des champs magnétiques possédant chacun une fonction et une intensité spécifiques. Toutefois, alors que les lignes de champ magnétique des bobines de champ toroïdal resteront confinées à l'intérieur de la chambre à plasma, celles que généreront le solénoïde central et les bobines de champ poloïdal (annulaires) se prolongeront à l'extérieur de l'enceinte. De ce fait, une grande partie des éléments situés à l'intérieur du Complexe tokamak seront exposés à des champs magnétiques de forte intensité, quand bien même cette intensité diminue rapidement avec la distance¹.
Construite et testée par l'Institut ASIPP, en Chine, l'installation d'exposition aux champs électromagnétiques statiques a été acheminée vers ITER et réassemblée l'année dernière dans l'un des bâtiments du site. Son principal élément est une bobine en aluminium en forme d'arche, activement refroidie et capable de générer des champs magnétiques atteignant 275 mT.
Les champs magnétiques peuvent avoir des effets sur les dispositifs électroniques et électromécaniques. ITER utilisera de nombreux dispositifs de ce type, installés à quelques dizaines de mètres du cœur du tokamak. Il est donc essentiel de savoir si, et comment, ils pourraient être affectés ou endommagés. « Dans les installations qui génèrent des champs magnétiques comme les accélérateurs de particules et les autres tokamaks, les composants électroniques peuvent être installés aussi loin que nécessaire de la source magnétique, explique David Beltran, le responsable du groupe Instrumentation & Control (I&C) d'ITER. Mais cela n'est pas possible dans le cas d'ITER en raison de la configuration du bâtiment. Nous sommes confrontés à une problématique qu'aucun autre projet n'a dû gérer à une telle échelle. »

Il n'existe pas de certificat ou de qualification spécifiant l'intensité magnétique maximale que peuvent supporter les composants électroniques et électromagnétiques avant de risquer le dysfonctionnement. À une exception près, les pacemakers, dont le seuil limite d'exposition a été fixé à 0,5 millitesla (mT). Pendant le fonctionnement d'ITER, les composants électroniques les plus proches de la machine (ceux qui se trouvent dans les « port-cells », les couloirs donnant accès à la machine) baigneront dans un champ de l'ordre de 200 millitesla (mT) et la totalité des cellules de contrôle-commande et des armoires électriques situées dans le Bâtiment tokamak sera exposée à un champ magnétique compris entre 20 mT et 2,5 mT.

Au cours de la dernière décennie, ITER a développé un protocole visant à tester les composants électroniques et électromécaniques. Il y a trois ans, un contrat a été passé avec l'Institut de physique des plasmas de l'Académie des sciences de Chine (ASIPP) afin de construire une installation capable de recevoir les gros éléments électroniques et électromécaniques tels que les vannes, les ordinateurs et les pompes pour les soumettre aux champs magnétiques auxquels ils seront exposés pendant la phase d'exploitation de la machine. Fabriquée et testée en Chine, l'installation d'exposition aux champs électromagnétiques statiques, qui peut générer un champ maximum de 275 mT pour un volume d'essai d'un mètre cube, a été transportée vers ITER et réassemblée au cours du premier semestre 2022. Le 23 mai, à l'issue des procédures d'inspection et d'homologation réglementaires, les équipes d'ITER ont réalisé un premier test sur une vanne électromécanique de la taille d'une boîte de conserve destinée au circuit d'eau de refroidissement.

Installée dans l'un des deux Bâtiments de conversion électrique, qui disposera de suffisamment d'espace libre pendant les premières phases d'exploitation, l'installation d'exposition aux champs électromagnétiques statiques se compose de huit modules d'alimentation électrique qui délivrent un courant continu (jusqu'à12 kA) à un aimant d'aluminium, activement refroidi, dont la forme évoque celle de l'Arche de La Défense. L'alimentation est assurée par un jeu de barres et le positionnement de l'élément dans l'aimant est effectué par un système de télémanipulation sur trois axes. La durée des tests, qui reproduisent l'environnement magnétique auquel chaque type d'élément sera exposé pendant les  « chocs » de plasma, varie de quelques minutes à quelques heures.

« Pour éviter les dysfonctionnements des éléments électroniques et électromécaniques pendant le fonctionnement de la machine, nous devrons tester un échantillon de chacune des catégories de composant  qui sera exposé au champ magnétique. Les paramètres du champ seront majorés de 40% afin de simuler le processus de vieillissement », précise David Beltran.

En fonction de la durée des préparatifs et du temps d'exposition des différents éléments, l'installation pourrait réaliser 100 à 200 tests par an. « Cette installation d'essai n'est pas réservée aux équipes d'ITER Organization, souligne Sergio Orlandi, responsable du département de construction de l'installation ITER et responsable par intérim du département de construction de la machine. Elle est également à la disposition des agences domestiques qui souhaitent tester les équipements qu'elles fournissent à ITER et des sous-traitants qui contribuent au programme. »

Les résultats des tests réalisés la semaine dernière sur la vanne électromécanique ont fait la preuve de la robustesse et de la fiabilité de cet élément. Les données ainsi récoltées seront extrêmement utiles pour les applications potentielles dans les environnements sensibles aux champs magnétiques. 

¹ Comme de nombreux phénomènes naturels (lumière, ondes hertziennes, gravité, son, etc.), l'intensité d'un champ magnétique décroit proportionnellement à l'inverse du carré de la distance. Ainsi, la force d'attraction d'un aimant diminue très rapidement et, à une distance de 30 mètres, il a déjà perdu 99,9% de son intensité d'origine.

Le premier test a été réalisé le 23 mai sur une vanne électromécanique de la taille d'une boîte de conserve destinée au circuit d'eau de refroidissement. Selon la durée des préparatifs et le temps d'exposition des différents éléments, l'installation pourrait effectuer 100 à 200 tests par an.
Installée dans l'un des deux Bâtiments de conversion électrique, qui disposera de suffisamment d'espace libre pendant les premières phases d'exploitation, l'installation d'exposition aux champs électromagnétiques statiques se compose de huit modules d'alimentation électrique qui délivrent un courant continu (jusqu'à12 kA) à un aimant d'aluminium, activement refroidi, dont la forme évoque celle de l'Arche de La Défense. L'alimentation est assurée par un jeu de barres et le positionnement de l'élément dans l'aimant est effectué par un système de télémanipulation sur trois axes. La durée des tests, qui reproduisent l'environnement magnétique auquel chaque type d'élément sera exposé pendant les  « chocs » de plasma, varie de quelques minutes à quelques heures.

« Pour éviter les dysfonctionnements des éléments électroniques et électromécaniques pendant le fonctionnement de la machine, nous devrons tester un échantillon de chacune des catégories de composant  qui sera exposé au champ magnétique. Les paramètres du champ seront majorés de 40% afin de simuler le processus de vieillissement », précise David Beltran.

En fonction de la durée des préparatifs et du temps d'exposition des différents éléments, l'installation pourrait réaliser 100 à 200 tests par an. « Cette installation d'essai n'est pas réservée aux équipes d'ITER Organization, souligne Sergio Orlandi, responsable du département de construction de l'installation ITER et responsable par intérim du département de construction de la machine. Elle est également à la disposition des agences domestiques qui souhaitent tester les équipements qu'elles fournissent à ITER et des sous-traitants qui contribuent au programme. »

Les résultats des tests réalisés la semaine dernière sur la vanne électromécanique ont fait la preuve de la robustesse et de la fiabilité de cet élément. Les données ainsi récoltées seront extrêmement utiles pour les applications potentielles dans les environnements sensibles aux champs magnétiques. 

¹ Comme de nombreux phénomènes naturels (lumière, ondes hertziennes, gravité, son, etc.), l'intensité d'un champ magnétique décroit proportionnellement à l'inverse du carré de la distance. Ainsi, la force d'attraction d'un aimant diminue très rapidement et, à une distance de 30 mètres, il a déjà perdu 99,9% de son intensité d'origine.