Vers des synergies public-privé
La montée en puissance de ces entreprises privées ouvre la voie à des synergies public-privé dans le domaine de la fusion. Alors que les programmes publics visent principalement à démontrer la faisabilité scientifique et industrielle de la fusion, les entreprises privées, de par leur nature, s'intéressent plus spécifiquement à la viabilité économique de la fusion en tant que source d'énergie. Cependant, pour que la communauté mondiale de la fusion puisse atteindre l'objectif commun de maîtriser l'énergie de fusion pour produire de l'électricité, la faisabilité de cette technologie doit impérativement être démontrée sur les plans scientifique, industriel et économique. Ainsi, la communauté de la fusion devra répondre à une question essentielle ces prochaines années : « Comment combiner les atouts spécifiques de ces deux secteurs pour accélérer la course de l'humanité vers la maîtrise de l'énergie de fusion ? ».
ITER apporte une expérience pratique en matière de conception, de fabrication et d'assemblage d'une installation de fusion et, surtout, est le premier acteur de la fusion à avoir entamé une procédure d'autorisation d'exploitation d'une installation nucléaire. Le mécanisme multinational complexe qui régit l'attribution des marchés d'ITER a aussi abouti au développement de chaînes logistiques dédiées à la technologie de la fusion, contribuant à la création d'une main-d'œuvre internationale spécialisée, diversifiée et expérimentée. Les acteurs du secteur privé ont déjà commencé à exploiter ces corrélations pour la construction de leurs dispositifs de fusion et, en cas de succès, il poursuivront sur cette voie à plus grande échelle et construiront des machines plus nombreuses et plus complexes.
Au niveau international, l'AIEA a récemment annoncé la création du World Fusion Energy Group, une initiative qui vise à encourager les collaborations transversales dans l'industrie de la fusion. Comme annoncé à la récente conférence sur l'énergie de fusion de l'AIEA par son directeur général Rafael Mariano Grossi, le groupe souhaite « réunir non seulement les scientifiques et ingénieurs des laboratoires et des centres d'expérimentation, mais aussi des décideurs politiques, des financiers, des organes de réglementation et des entreprises privées » afin d'accélérer l'avènement de l'énergie de fusion commerciale. L'essor de cette réflexion collaborative transversale dénote l'émergence d'une prise de conscience : pour domestiquer l'énergie de fusion, il sera nécessaire d'exploiter les synergies entre les secteurs public et privé. ITER, qui est le chef de file mondial incontesté de la collaboration internationale autour de la fusion, aura certainement un rôle essentiel à jouer.