L'heure du « T »
Ces expériences, réalisées avec des plasmas d'hydrogène, de deutérium ou d'hélium permettent de mieux comprendre le comportement à très haute température du « quatrième état de la matière » et se révèlent précieuses pour affiner encore le design d'ITER.
Mais elles ne produisent pas, ou très peu, d'énergie de fusion.
Or, le tritium, deuxième isotope « lourd » de l'hydrogène, génère de nombreuses contraintes : sa radioactivité, quoique faible, fait de toute installation le mettant en œuvre une installation nucléaire, soumise à des règles de sûreté et de sécurité très contraignantes.
L'utilisation du tritium, en outre, contribue à « activer » certains des éléments de la machine, interdisant de ce fait toute intervention de maintenance autre que robotisée.
Le JET est à la fois le plus grand tokamak du monde, celui réalisa la première expérience de fusion DT en 1991 et celui qui détient le record de production d'énergie avec les 16 MW de la campagne de 1997. Le tokamak américain TFTR (Tokamak Fusion Test Reactor), qui avait lui aussi produit une quantité significative d'énergie (10,7 MW) en 1994, a été démantelé trois ans plus tard.
Si l'on excepte la campagne du JET de 2003, au cours de laquelle un très faible pourcentage de tritium fut ajouté aux plasmas de deutérium, il s'est écoulé 17 ans depuis que les dernières expériences de fusion DT ont été réalisées — 17 ans depuis qu'une petite étoile artificielle s'est brièvement allumée sur la planète Terre.
Ce prodige va bientôt se reproduire : le JET, totalement transformé, doté d'éléments semblables à ceux d'ITER (parois internes de béryllium et de tungstène notamment), se prépare à renouer avec la fusion « pour de vrai ».
La campagne d'expériences, programmée pour 2017-2018, doit préparer l'événement historique que constituera, à l'horizon 2027, le lancement des opérations DT du tokamak ITER. (Pendant les six années qui suivront sa mise en service, ITER réalisera des plasmas d'hydrogène, d'hélium et de deutérium.)
Au JET, on s'apprête pour cette grande aventure. Mais on n'allume pas une étoile en pressant un bouton et trois ans ne seront pas de trop pour affiner tous les réglages de la machine, former une nouvelle génération d'opérateurs et réactiver tout le savoir et toute l'expérience accumulés lors des campagnes des années 1990.
Dans trois ans, l'heure du « T » va sonner à nouveau pour le JET — une répétition générale pour la grande première d'ITER.