Du béton tiède dans l'aube glacée
Sur un chantier ordinaire, l'opération aurait été banale. Ici, elle revêtait une grande importance symbolique : ce qui prenait forme dans le froid mordant, sous la lumière crue des projecteurs du chantier, c'était le « plancher », d'une épaisseur de 1,5 mètres, sur lequel reposeront les 360 000 tonnes du Complexe Tokamak — le cœur même de l'installation ITER.
Pendant une dizaine d'heures, deux énormes pompes ont déversé dans le ferraillage un flot continu de béton : 800 mètres-cubes pour un plot de quelque 500 mètres-carrés.
« Le béton que nous utilisons n'est pas un béton ordinaire, explique Laurent Patisson, responsable des bâtiments nucléaires au sein d'ITER Organization. Il doit répondre à des exigences très rigoureuses en termes de stabilité, d'imperméabilité et de confinement des gaz. »
Aussi le traite-t-on avec de grands égards : réchauffé au sortir de la centrale pour éviter le gel, on le recouvre, une fois coulé, par d'épaisses bâches de plastique sous lesquelles de gros ventilateurs soufflent un air chaud qui régule le processus de séchage.
L'opération du 11 décembre s'est renouvelée le 22 janvier et le 13 février : deux nouveaux plots, d'une surface équivalente, ont été coulés finalisant ainsi la partie du radier qui supportera le Bâtiment diagnostics.
La dalle a été divisée en 15 plots de taille à peu près égale, qui seront successivement coulés d'ici la fin de l'été : au total, près de 15 000 mètres cubes de béton qui viendront enserrer les 4 000 tonnes de son armature d'acier.