Un sans-faute...à renouveler plus de 200 fois
4 heures 45, vendredi 20 septembre. Sur le site d'ITER, à Saint-Paul-lez-Durance, la remorque chargée de 800 tonnes de blocs de béton vient de s'immobiliser. Le jour n'est pas levé. La lune est pleine. Autour de l'énorme véhicule — 352 roues, 46 mètres de long, 9 de large, 11 de haut — on se presse, on applaudit, on se félicite. La réussite de l'opération « convoi test » est totale.
Autour de l'énorme véhicule — 352 roues, 46 mètres de long, 9 de large, 11 de haut — on se presse, on applaudit, on se félicite. La réussite de l'opération « convoi test » est totale.
Quatre nuits plus tôt, sur les rives de l'Etang de Berre, une longue procession d'hommes et de machines s'était mise en route. Son objectif : tester en vraie grandeur le transport d'une pièce de la machine ITER entre Berre et le site de construction de l'installation distant d'une centaine de kilomètres, et mesurer, au passage de chaque ouvrage d'art, le stress imposé par une telle charge.
L'opération, qui a mobilisé une grosse centaine de personnes, marquait l'aboutissement de plusieurs années de travail, tant sur l'itinéraire lui-même que dans la mise en place d'une machinerie administrative et réglementaire d'une extraordinaire complexité : on ne transporte pas les éléments de la machine ITER comme on transporte un container ou un chargement de bois.
En préférant au site japonais de Rokkasho-Mura, sur l'océan Pacifique, celui que l'Europe proposait à proximité immédiate des installations du CEA-Cadarache, à une centaine de kilomètres à l'intérieur des terres, les partenaires d'ITER savaient dès 2005 qu'ils auraient à résoudre une sérieuse difficulté : comment transporter dans les meilleures conditions de sécurité et sans faire peser de trop fortes contraintes sur les populations locales les éléments de la machine fabriqués dans les usines du monde entier ?
Après avoir exploré plusieurs solutions, le choix s'était porté sur la création d'un itinéraire spécial, combinant aménagement de la voirie existante, renforcement des ouvrages d'art et création de chaussées dédiées. Dans le cadre de ses engagements envers ITER, ce travail incombait à la France : financé par l'Etat et le Conseil général des Bouches-du-Rhône, l'Itinéraire ITER dont les études techniques furent lancées au début de l'année 2006, était parachevé en 2010.
Mais un « convoi ITER », ce n'est pas seulement une remorque, son escorte et ses véhicules de soutien qui progressent le long d'un itinéraire sécurisé. Ce sont plusieurs dizaines de kilomètres de déviations routières qui doivent être organisées; de délicates opérations de coupure et de réouverture des autoroutes A7 et à A51 ; l'enlèvement et la remise en place de centaines de panneaux de signalisation ; la gestion des imprévus ...