Le « Soleil » ITER réchauffe l'économie
Cette mobilisation s'effectuera de manière progressive à partir de la fin de cette année pour atteindre un pic à l'horizon 2015-2017. Début 2018, la main d'œuvre affectée à la construction commencera à décliner tandis qu'augmentera celle des ouvriers et techniciens occupés, pendant un peu plus de deux ans, au montage de la machine (un gros millier de personnes en moyenne).
Au total, ce sont donc plus de 3 000 personnes qui travailleront sur le chantier ITER entre début 2017 et fin 2020.
Bien qu'ITER soit un programme international et que les contrats les plus importants aient été attribués à des consortiums européens, 70% des 2 500 travailleurs qui se sont succédé sur le chantier depuis 2010 étaient de nationalité française.
Les projections de l'Agence européenne pour ITER (Fusion for Energy), responsable du chantier, montrent que ce pourcentage ne devrait guère varier dans les années qui viennent. Les travailleurs « locaux », c'est-à-dire résidant dans les communes proches d'ITER (bassin d'emploi de Manosque) pourraient représenter jusqu'à 50% de la main d'œuvre française.
L'impact économique d'ITER ne se résume pas, loin s'en faut, aux retombées directes du chantier de construction. Des centaines d'emplois ont déjà été créés par les industries, les bureaux d'étude, les sociétés d'ingénierie et de services qui ont bénéficié de contrats.
Ainsi, à La Seyne-sur-Mer, dans le cadre du contrat de fabrication d'éléments du système magnétique d'ITER (80 millions d'euros) CNIM, qui emploie déjà 50 personnes, a récemment procédé à vingt recrutements. A Pertuis, le contrat d'ingénierie attribué à Latécoère-Services s'est traduit par quinze embauches. L'Allemand Kraftanlagen Heidelberg, spécialisé dans l'ingénierie nucléaire, qui avait ouvert une agence à Manosque dès 2009, emploie désormais une dizaine de personnes.
Dès 2003, anticipant l'arrivée d'ITER, l'Institut d'économie publique de Marseille (Idep) avait estimé à 3 000 (dont 1 500 en région Paca) le nombre de ces emplois « indirects » créés pendant la phase de construction, et à 2 400 ceux qui verront le jour pendant la phase d'exploitation.
Une évaluation de l'impact économique d'ITER doit également prendre en compte les effets induits par la présence, à Aix-en-Provence, à Manosque, dans les bourgades environnantes, des personnels employés sur le site (ITER Organization, Fusion for Energy, sous-traitants directs hors chantier) et de leurs familles.
Leur apport à l'économie locale, sous forme de salaires dépensés localement, peut être estimé à une soixantaine de millions d'euros annuellement.
La dépense directe, toutefois, n'est pas tout. Pour répondre aux besoins de cette population nouvelle (et internationale), des commerces, des services se sont créés ou étoffés. Les études montrent qu'un emploi direct dans un « Très Grand Équipement » scientifique comme ITER en génère deux, voire près de trois, dans son environnement immédiat.
Ainsi, près d'Oxford, au Royaume-Uni, un gros millier d'emplois indirects et induits ont été créés autour des 450 salariés du tokamak européen JET; à Genève, autour du CERN (2 500 salariés), 7 200 emplois indirects et induits ont vu le jour de part et d'autre de la frontière franco-suisse.
Alors qu'ITER vient tout juste d'entrer dans sa quatrième année de construction, une dynamique similaire se dessine, qui ne pourra que s'amplifier au fil des années.