Quinze ans de très grands travaux
Plus de quinze ans ont passé depuis ce jour de janvier 2007 où, sous la responsabilité de la France, les travaux de défrichage, de terrassement et de viabilisation du site d'ITER furent lancés à Saint-Paul-lez-Durance/Cadarache (13). Cette entreprise titanesque allait durer près de trois ans, au terme desquels près de 2,5 millions de mètre-cubes de matériaux seraient déplacés et 20 kilomètres de réseaux hydrauliques réalisés. A la fin de l'année 2009, le site était aménagé¹ et la plateforme de 42 hectares qui en occupe le cœur (l'équivalent d'une soixantaine de terrains de football), était prête à accueillir les premières constructions.
La France, « pays hôte » du programme international ITER, avait rempli sa mission initiale. Au « membre hôte », l'Europe, revenait désormais la responsabilité de construire et d'équiper les quelque 39 bâtiments de l'installation. Au mois d'août 2010, les bulldozers et les pelleteuses réinvestissaient la plateforme, cette fois pour entamer les travaux de deux structures emblématiques : le Complexe Tokamak, un ensemble de trois bâtiments d'une masse totale de 400 000 tonnes reposant sur une dalle parasismique flottante, et l'usine où seraient fabriquées quatre des six aimants annulaires de la machine (deux de 17 mètres de diamètre, et deux de 24 mètres).
C'était il y a douze ans. Mi-2013, l'usine de bobinage était inaugurée et les premières fabrications étaient lancées. En 2020, l'élément central du Complexe Tokamak, le Bâtiment Tokamak qui abrite le Hall d'assemblage et le puits de la machine, était livré. C'est dans cet espace de 350 000 mètres-cubes que se déploient, depuis deux ans et demi, les opérations d'assemblage du Tokamak.
Autour de ces deux édifices, des dizaines de bâtiments et d'installations techniques et industrielles ont vu le jour, ont été équipés et, pour certains, déjà mis en service : un poste électrique d'une superficie de quatre hectares ; une usine cryogénique, la plus puissante au monde ; des alignements de transformateurs, de convertisseurs, de redresseurs de courant ; toute une infrastructure dédiée à l'évacuation de la chaleur, sans omettre les kilomètres de galeries souterraines, les réseaux de distribution, les chaussées, l'éclairage. À ce jour, plus de 85% du génie civil de l'installation est finalisé.
En moyenne aujourd'hui, le chantier mobilise quotidiennement plus de 2 500 personnes, appartenant à quelque 500 entreprises différentes, françaises pour 80% d'entre elles. On estime que, depuis le début des travaux, plus de 15 000 personnes ont contribué à la construction de l'installation. Depuis la PME locale jusqu'au consortium de grandes sociétés européennes, près de 5 000 entreprises sont intervenues sur le site.
Le montant des marchés attribués depuis 2007 par les différentes entités responsables de la construction d'ITER (ITER Organization, l'agence européenne Fusion for Energy, l'Agence Iter-France) s'élève à plus de 9 milliards d'euros. Sur ce total 5,4 milliards sont allés à des entreprises implantées en France, dont 4,2 milliards à des entreprises de la région Sud-PACA. En termes de contrats aux entreprises, d'emplois maintenus ou créés, de retombées économiques induites, l'impact d'ITER sur la région qui l'accueille est sans équivalent.
Le chantier de la plus grande installation de fusion au monde, toutefois, est loin d'être terminé. Tandis que le Tokamak prend forme dans le « puits d'assemblage », plusieurs bâtiments et structures requis pour la production du Premier Plasma² (Centre de contrôle de l'installation, bâtiment tritium, passerelles pour les circuits d'alimentation, etc.) sont en cours de construction. Un dernier édifice apportera la touche finale à ce spectaculaire paysage industriel : le bâtiment des « Cellules chaudes », indispensable pour la phase de fonctionnement à pleine puissance à l'horizon 2035, sera tout aussi massif et volumineux que le Complexe Tokamak.
1 Par bail emphytéotique, la France a concédé un espace de 180 hectares à l'organisation internationale ITER (ITER Organization).
2 La phase de « Premier plasma » permet de vérifier l'alignement des champs magnétiques au sein de la machine ainsi que le bon fonctionnement de l'ensemble des équipements et systèmes.