Où en sommes-nous?

25 nov, 2013
Sur la plateforme ITER, le cœur de l'installation a déjà pris forme. Etat des lieux, un peu plus de trois ans après le début des travaux.
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La plateforme ITER vue d'hélicoptère dans l'air transparent d'une matinée de septembre.

C'était le 4 août 2010. Sur la plateforme d'ITER une puissante pelle mécanique entreprenait de racler le sol à l'emplacement de la future « Fosse du tokamak ». Ces premières pelletées en annonçaient bien d'autres : 230 000 mètres-cubes de roche attendaient d'être creusés, dynamités, puis déblayés pour ménager l'écrin de béton et d'acier qui abriterait la machine ITER.

A quelques centaines de mètres de là, d'autres engins de chantier s'affairaient, égalisant le sol sur près de 14 000 mètres-carrés pour préparer les fondations d'un immense bâtiment (257 mètres de long, 49 de large et 20 de haut) où seraient fabriqués les plus gros des aimants du tokamak — quatre anneaux métalliques de 8 à 24 mètres de diamètre, trop encombrants pour être livrés par la route. (Deux autres anneaux, de moindre taille, seront fabriqués en Chine et en Russie).
 
Trois ans et quelques mois plus tard, le paysage lunaire des années 2008-2009 a laissé place à un immense chantier, hérissé de grues et de pompes à béton, sillonné de tombereaux, de bulldozers, de tractopelles...
 
Les fondations parasismiques telles qu'on pouvait les voir jusqu'au mois de mars 2013. Elles sont aujourd'hui recouvertes par le ferraillage du "plancher" de la machine.
La fosse du tokamak est désormais dotée de son double « plancher » : le premier, reposant sur le roc, porte les 493 plots qui assurent la protection de l'installation en cas d'événement sismique ; le second, ancré sur ces mêmes plots, forme la dalle sur laquelle sera édifié le Complexe tokamak, le cœur de l'installation ITER — un ensemble de trois bâtiments d'une masse totale de 360 000 tonnes, équivalente à celle de l'Empire State Building.
 
Le bâtiment des aimants géants (le « PF Coils building »), livré au mois de février 2012, n'attend plus que son outillage : les dévideuses-bobineuses, les machines qui imprègneront le câble de résine, les unités d'assemblage. Produits en Europe, en Chine et en Russie, des dizaines de kilomètres de câble supraconducteur, enroulé sur de gros tourets, arriveront par l'entrée sud du bâtiment ; lorsqu'ils sortiront par la porte opposée, 18 à 24 mois plus tard, ce sera sous forme d'aimants annulaires, d'une masse de 200 à 400 tonnes.
 
Avant d'être intégrés au tokamak, ces aimants géants, comme les autres pièces livrées par les partenaires du programme, transiteront par le Hall d'assemblage. Ce bâtiment de 6 000 mètres-carrés jouxte le Complexe tokamak dont il est en quelque sorte l'antichambre. Son plancher de béton armé, dont l'épaisseur dépasse 2 mètres par endroits, est prêt à recevoir la machinerie et les deux ponts-roulants (capacité de levage : 1 500 tonnes) qui lui permettront de manipuler et de pré-assembler les éléments de la machine.
 
Dans la fosse de protection parasismique, on met la touche finale au ferraillage du deuxième radier qui supportera les 300 000 tonnes du Complexe Tokamak. Le béton sera coulé avant la fin de l'année.
C'est également par le Hall d'assemblage que passeront les quatre « sections » du Cryostat (la plus lourde pèse 1 250 tonnes), ce réfrigérateur géant qui enveloppe la chambre à vide du tokamak et maintient ses aimants supraconducteurs à la température exceptionnellement basse de moins 269° C.
 
Les quatre sections du cryostat auront été préalablement assemblées dans un bâtiment dédié — l'Atelier du Cryostat — en cours de construction à une centaine de mètres du Hall d'assemblage. Contrairement aux autres bâtiments de la plateforme, qui sont fournis par l'Agence européenne pour ITER (Fusion for Energy), celui-ci, tout comme le cryostat lui-même, relève de la responsabilité de l'Inde.
 
Fosse du tokamak, « PF Coils Building », Hall d'assemblage, Atelier du Cryostat forment pour l'heure les structures emblématiques de la plateforme ITER. A terme, sur ces 42 hectares, une grosse trentaine d'autres bâtiments — tours de refroidissement, usine à froid, transformateurs électriques, etc. — verront le jour.
 
Ces travaux, auxquels s'ajouteront les opérations d'assemblage de la machine à partir de 2015, vont nécessiter une main d'œuvre considérable. On estime qu'au plus fort de son activité (2015-2017) le chantier ITER va mobiliser jusqu'à 3 000 ouvriers, techniciens et ingénieurs.
 
D'autres photos du chantier ici.