Autour de l'énorme véhicule — 352 roues, 46 mètres de long, 9 de large, 11 de haut — on se presse, on applaudit, on se félicite. La réussite de l'opération « convoi test » est totale.
Quatre nuits plus tôt, sur les rives de l'Etang de Berre, une longue procession d'hommes et de machines s'était mise en route. Son objectif : tester en vraie grandeur le transport d'une pièce de la machine ITER entre Berre et le site de construction de l'installation distant d'une centaine de kilomètres, et mesurer, au passage de chaque ouvrage d'art, le stress imposé par une telle charge.
L'opération, qui a mobilisé une grosse centaine de personnes, marquait l'aboutissement de plusieurs années de travail, tant sur l'itinéraire lui-même que dans la mise en place d'une machinerie administrative et réglementaire d'une extraordinaire complexité : on ne transporte pas les éléments de la machine ITER comme on transporte un container ou un chargement de bois.
En préférant au site japonais de Rokkasho-Mura, sur l'océan Pacifique, celui que l'Europe proposait à proximité immédiate des installations du CEA-Cadarache, à une centaine de kilomètres à l'intérieur des terres, les partenaires d'ITER savaient dès 2005 qu'ils auraient à résoudre une sérieuse difficulté : comment transporter dans les meilleures conditions de sécurité et sans faire peser de trop fortes contraintes sur les populations locales les éléments de la machine fabriqués dans les usines du monde entier ?