En mémoire de Bernard Bigot, directeur général d'ITER (2015-2022)

Sur le chantier ITER, c'était un lundi comme les autres. Dans la rumeur des machines, chacun était concentré sur son travail, manœuvrant une grue, posant le ferraillage d'un nouveau bâtiment ou préparant une nouvelle opération de levage. Dans les bureaux, les ingénieurs et les administrateurs, les physiciens et les comptables étaient concentrés sur les graphiques, les tableaux, les documents de toute sorte qui s'affichaient sur leurs écrans. Mais il y avait dans l'air une profonde tristesse—ITER venait de perdre son directeur général, emporté par la maladie deux jours plus tôt, aux petites heures du samedi 14 mai.

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Directeur général d'ITER depuis le mois de mars 2015, Bernard Bigot était un homme de devoir et de service, qui savait d'expérience que les grands défis demandent de grands sacrifices. Bien au-delà d'ITER et de la communauté scientifique mondiale, la nouvelle de sa disparition prématurée, à l'âge de 72 ans, a été très douloureusement ressentie.

Jusqu'à la semaine précédant sa disparition, Bernard Bigot avait pu rassembler suffisamment de force pour prendre les décisions qui lui incombaient. Il a quitté ce monde quelques jours après qu'ITER a réalisé l'une des opérations les plus complexes et les plus spectaculaires de toute la séquence d'assemblage de la machine : le levage et la mise en place du premier des neuf modules de la chambre à vide du Tokamak—une pièce de très haute technologie pesant plus de 1 380 tonnes.

Bernard Bigot avait été nommé à la direction générale d'ITER au mois de mars 2015, alors que le programme traversait une période de grandes difficultés. Sans tarder, il avait mis en place un plan d'action rigoureux, réformant en profondeur les processus de décision, établissant un calendrier et un budget robustes et réalistes tout en renforçant la cohésion entre les différents partenaires.

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Dans le hall d'entrée du siège d'ITER Organization, des fleurs, des bougies et un grand portrait de Bernard Bigot honorent la mémoire du directeur général prématurément disparu. Un livre d'or était à la disposition de tous ceux qui souhaitaient apporter un témoignage personnel.

Spécialiste de chimie physique, il avait de longue date pris la mesure du défi que constitue la maîtrise à échelle industrielle de la fusion de l'hydrogène. L'expérience qu'il avait acquise aux plus haut niveau des instances scientifiques françaises, au plus proche de ministres de la Recherche successifs ; dans ses fonctions de Haut Commissaire à l'énergie atomique et en tant qu'administrateur général du CEA (Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives) de 2009 à 2015, et à ce titre interface principale entre la France et ITER, l'avaient préparé à la tâche immense qui l'attendait : diriger une entreprise scientifique et industrielle de très longue haleine, associant 35 nations, aussi unique dans ses objectifs que dans son organisation et sa gouvernance.

Le caractère unique d'ITER demandait plus, cependant, que la connaissance intime des problématiques scientifiques, l'excellence dans la gestion d'une grande institution de recherche ou l'expérience de la maîtrise d'ouvrage d'un gigantesque programme de construction. ITER, au moment où Bernard Bigot a accepté de « servir » une fois encore, exigeait une grande finesse politique ainsi que des talents diplomatiques hors du commun. Ne manquant ni de l'une ni des autres, il sut les utiliser au mieux pour remettre le programme sur ses rails.

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En ce premier lundi sans « DG », les employés et collaborateurs d'ITER ont observé une minute de silence en sa mémoire. Présent sur le site, Massimo Garriba, directeur général adjoint du Directorat général de l'Énergie à la Commission européenne et président pour deux ans du Conseil ITER (tout à droite) s'était joint à l'équipe de direction du programme, rassemblée dans le hall du siège d'ITER Organization. De gauche à droite : Takayoshi Omae, adjoint au chef de cabinet du directeur général ; Laetitia Grammatico, responsable du service juridique ; Ioan Cruceana, chef de cabinet du directeur général ; Youngeek Jung, chef du domaine Construction ; Tim Luce, chef du domaine Science & Opération ; Nalinish Nagaich, chef du domaine Administration ; Alain Bécoulet, chef du domaine Ingénierie ; et Eisuke Tada, directeur général (intérim).

Bien au-delà d'ITER et de la communauté scientifique mondiale, la nouvelle de sa disparition prématurée, à l'âge de 72 ans, a été très douloureusement ressentie. Dans le monde académique et les sphères gouvernementales ; dans la recherche et l'industrie nucléaires, parmi ses partenaires passés et présents ; chez les simples visiteurs d'ITER qui se souviennent de la passion avec laquelle Bernard Bigot faisait partager sa foi pour la fusion de l'hydrogène, l'émotion est considérable. Depuis que la triste nouvelle a été rendue publique, messages et hommages n'ont cessé d'affluer. La quasi-totalité d'entre eux incluent le mot « merci ».

Bernard Bigot était un homme de devoir et de service, qui savait d'expérience que les grands défis demandent de grands sacrifices. Exigeant envers ses collaborateurs, il l'était plus encore envers lui-même et s'il pouvait paraître austère parfois, il était avant tout un être sensible et d'une profonde humanité.

« Pour moi, pour nous tous, a déclaré son adjoint, le Japonais Eisuke Tada, à qui le Conseil ITER a confié la direction intérimaire du programme, la meilleure façon d'honorer la mémoire de Bernard Bigot est de continuer à nous mobiliser pour le succès d'ITER, avec la même détermination et le même engagement dont il a su faire preuve tout au long des sept années écoulées. »

Cliquer ici pour lire le communiqué de presse d'ITER Organization. Cliquer ici pour plus d'informations sur la carrière de Bernard Bigot.

Voir aussi le communiqué de presse de l'Élysée.